Avec l'augmentation du nombre de données publiées sur le marché, les institutions financières doivent développer des mécanismes d'ingestion et de traitement de ces données
Les pratiques éthiques et responsables des entreprises sont de plus en plus courantes. Cette tendance s'explique à la fois par les attentes croissantes de la société à l'égard des entreprises en matière de développement durable et par les pressions exercées par les autorités de régulation, qui demandent aux entreprises d'être plus transparentes en ce qui concerne les informations non financières.
La directive de l'Union européenne concernant les rapports sur le développement durable des entreprises (CSRD) est un exemple de ce type de réglementation, qui vise à normaliser les rapports sur le développement durable dans les entreprises et à renforcer la transparence et la responsabilité. Au cours des prochaines années, de plus en plus d'entreprises seront soumises à la directive, ce qui signifie qu'un nombre croissant d'organisations seront tenues de rendre compte de leurs performances en matière de développement durable.
Cette expansion aura également des conséquences pour les gestionnaires d'actifs, les banques et les compagnies d'assurance établis dans l'UE. Ils disposeront désormais d'une plus grande quantité d'informations pour l'établissement de rapports sur le développement durable et la prise de décisions en matière d'investissement et de prêt. Dans cet article, nous étudions l'ampleur des prochaines vagues de mise en œuvre du CSRD, en fonction du nombre d'entreprises concernées et de leur chiffre d'affaires.
Du NFRD au CSRD : un champ d'application élargi pour les rapports sur le développement durable dans l'UE
Le prédécesseur de la CSRD, la directive sur l'information non financière (NFRD), s'appliquait aux grandes entités d'intérêt public (EIP) telles que définies par les États membres lors de la mise en œuvre de la directive comptable de l'UE, à condition que ces sociétés atteignent certains seuils définis par l'UE.
Le 1er janvier 2024, le règlement du NFRD a officiellement fait la transition vers la directive sur les rapports d'entreprise sur le développement durable, s'appliquant dans un premier temps uniquement aux entreprises déjà soumises au NFRD (les premiers rapports sont attendus en 2025). Dans les années à venir, cependant, la CSRD s'étendra à d'autres entités (voir graphique 1) :
- À partir du 1er janvier 2026 (rapport sur l'exercice 2025) : La CSRD étendra son champ d'application à toutes les "grandes" entreprises, au-delà des entités d'intérêt public (EIP) précédemment ciblées. Une "grande" entreprise au sens de la directive est définie comme une entreprise qui répond à au moins deux des critères suivants conditions¹ :
- Plus de 250 employés ;
- Plus de 25 millions d'euros au total du bilan ;
- Plus de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires net ;
- À partir du 1er janvier 2027 (rapport sur l'exercice 2026): Les petites et moyennes entreprises (PME) cotées en bourse seront obligées de commencer à produire leur rapport CSRD. Ces entreprises bénéficieront d'une période d'exemption de déclaration de deux ans.
- À partir du 1er janvier 2029 (rapport sur l'exercice 2028): Le mandat s'étendra aux entreprises non européennes qui exercent une activité substantielle (plus de 150 millions d'euros de chiffre d'affaires net) au sein de l'UE.
Graphique 1 : Calendrier de la mise en œuvre du CSRD et des périodes de rapport².
Mesurer les différentes étapes de la mise en œuvre du CSRD
Dans le cadre de son analyse coûts-avantages de la mise en œuvre du CSRD, et afin de mieux guider les investisseurs et les autres parties prenantes, la Commission européenne a fourni une estimation du nombre d'entreprises concernées par le règlement dans chaque vague (graphique 2) et de leur chiffre d'affaires net (graphique 3). La première vague représente des entreprises dont le chiffre d'affaires net total s'élève à 13 300 milliards d'euros, ce qui correspond aux entreprises qui relèvent déjà du champ d'application de la NFRD.
Graphique 2 : Estimation de l'ampleur des vagues de CSRD (nombre d'entreprises soumises à déclaration). Source : Analyse d'impact réalisée par la Commission européenne sur les rapports sur le développement durable des entreprises.
Note : Ce graphique inclut toutes les entreprises du NFRD dans la première vague de rapports sur le CSRD, qui a été considérablement élargie par les transpositions nationales. Dans son étude d'impact, la Commission estime à 2000 le nombre d'entreprises couvertes par la directive européenne, auxquelles s'ajoutent 9 500 entreprises couvertes par les transpositions..4
L'augmentation significative du nombre de sociétés CSRD observée en 2026 peut être attribuée à l'inclusion d'un groupe d'entreprises caractérisées par un chiffre d'affaires moyen plus faible, à savoir les grandes entreprises comptant plus de 250 employés mais moins de 500. La dernière vague du règlement met en évidence un bond substantiel du chiffre d'affaires net, malgré le nombre relativement faible de nouvelles entreprises concernées, en raison de l'inclusion d'entreprises non européennes. Cette dernière vague inclut en effet de grands groupes multinationaux étrangers possédant des filiales dans l'UE.
L'effet cumulé de ces expansions porte le nombre total d'entreprises touchées par la CSRD à près de 50 000 (plus de 22 000 milliards d'euros de chiffre d'affaires net).
Graphique 3 : Estimation de la taille des vagues de CSRD (chiffre d'affaires net en milliers d'euros). Source : Analyse d'impact réalisée par la Commission européenne sur les rapports sur le développement durable des entreprises.
Opportunités et défis pour le secteur financier en matière d'intégration durable des données
Le CSRD permet aux acteurs des marchés financiers d'accéder à un ensemble de données plus transparent et plus vaste, ce qui leur permet de prendre de meilleures décisions en matière d'investissement ou de prêt. Toutefois, pour tirer le meilleur parti de ces données, les institutions financières devront comprendre quelles sont les entreprises concernées et développer des mécanismes d'ingestion et de traitement des données.
Par exemple, le fait de savoir qu'un ensemble d'entreprises étrangères sera soumis à l'avenir à des mandats de CSRD pourrait aider les investisseurs à mieux planifier leur stratégie de portefeuille durable autour de ces entreprises, en comprenant par exemple quelles entreprises seront susceptibles d'élaborer des plans de transition dans le cadre de la CSRD.
Clarity AI a déjà commencé à analyser et à identifier les organisations qui entreront dans le champ d'application des prochaines phases du CSRD. Cela nous permettra d'élargir continuellement notre collecte de données dans les années à venir et, en retour, de mieux fournir à nos clients les informations nécessaires pour naviguer dans le paysage en constante évolution de la durabilité.
Cet article a été initialement publié le 8 mars 2024 et mis à jour le 25 septembre 2024.
¹ Les seuils initiaux ont été modifiés par la Commission européenne par le biais d'une directive déléguée qui est entrée en vigueur en décembre 2023.
² Le calendrier présente une vue d'ensemble simplifiée des principaux événements et développements. Il ne mentionne pas les dispositions d'allègement et les périodes de transition mises en place par la Commission européenne pour des groupes spécifiques d'entreprises.
L'analyse d'impact réalisée par la Commission européenne est disponible ici. Cette analyse est basée sur les seuils initiaux du règlement (avant l'entrée en vigueur de la directive déléguée en décembre 2023).
4 Voir page 216 de l'analyse d'impact de la Commission européenne. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/PDF/?uri=CELEX:52021SC0150