Pleins feux sur la région de l'ANASE : Décodage des informations relatives au développement durable
Comprendre l'impact des informations non financières sur l'économie croissante de l'ANASE
L'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) peut se targuer d'un impressionnant PIB combiné de près de 4 000 milliards de dollars, ce qui la place au cinquième rang des économies mondiales. Avec une croissance prévue du PIB de 4,6 % en 2023, il est évident que la région est un acteur important sur la scène économique mondiale, dépassant la croissance prévue de 0,6 % de l'Union européenne pour la même année. La région de l'ANASE détient également des actifs sous gestion considérables, qui s'élèvent à près de 5 500 milliards de dollars, Singapour étant le principal centre financier, gérant plus de 90 % des actifs sous gestion¹.
Alors que les informations non financières gagnent en importance dans les décisions d'investissement partout dans le monde, l'amélioration de ces informations dans les pays de l'ANASE, en particulier à Singapour, offre une opportunité considérable d'accélérer la finance durable. Des pays comme la Malaisie, les Philippines, le Vietnam et Singapour sont déjà en train de développer ou de rédiger leurs taxonomies nationales, tandis que la zone de l'ANASE travaille sur une taxonomie régionale afin de créer un langage commun pour les activités économiques et les instruments financiers.
Taxonomie de l'ANASE : Défis et opportunités
La taxonomie de l'ANASE est conçue pour promouvoir l'interopérabilité entre les marchés, mais certains points clés doivent encore être clarifiés. Elle n'est pas juridiquement contraignante et son application risque de poser des problèmes si elle n'est pas mise en œuvre. En outre, les données communiquées par les entreprises peuvent ne pas faire l'objet d'une vérification par un tiers, ce qui suscite des inquiétudes quant à la qualité et à la fiabilité des données relatives au développement durable.
L'approche à plusieurs niveaux de la taxonomie de l'ANASE offre de la flexibilité mais ajoute de la complexité. Les utilisateurs peuvent trouver difficile de suivre la façon dont les différents États membres évaluent la même activité économique en fonction de différents seuils. En outre, comme toutes les activités ne s'alignent pas sur l'objectif "zéro net d'ici 2050", l'interopérabilité avec d'autres taxonomies, en particulier celles de juridictions plus strictes comme l'Union européenne, pourrait être source d'incertitudes pour les investisseurs.
Le cas de Singapour : Les divulgations ESG sont déjà appliquées alors que la taxonomie est encore en cours d'élaboration
La taxonomie de Singapour en est encore à sa quatrième phase de consultation, et les exigences des parties prenantes n'ont pas encore été publiées. Bien que les modalités d'application ne soient pas encore claires, la Bourse de Singapour (SGX) a déjà pris des mesures en faveur de l'établissement de rapports sur le climat en appliquant le principe "se conformer ou s'expliquer" pour les sociétés cotées en bourse. Les rapports sur le climat deviendront obligatoires pour les émetteurs des secteurs de la finance, de l'agriculture, de l'alimentation et des produits forestiers, ainsi que de l'énergie pour l'année fiscale 2023. Les émetteurs des secteurs des matériaux et des bâtiments, ainsi que des transports, devront s'y conformer à partir de l'exercice 2024. Cette obligation s'étendra progressivement à d'autres secteurs, conformément à l'accent mis sur le changement climatique dans la prochaine taxonomie.
L'Autorité monétaire de Singapour (MAS) et des associations telles que l'Association des banques de Singapour ont publié des lignes directrices pour les institutions financières, la banque privée, la gestion de patrimoine et les fonds ESG de détail, bien que toutes les réglementations ne soient pas contraignantes. Cependant, une tendance positive est visible : nous observons une bonne conformité des entreprises avec les recommandations de la SGX et également de nombreux fonds basés à Singapour qui publient des informations en vertu des articles 8 et 9 de l'UE SFDR, ce qui se traduit automatiquement par une conformité avec les orientations émises par la MAS sur les fonds ESG de détail.
La voie à suivre
Alors que la région de l'ANASE poursuit sa croissance économique, le développement de taxonomies nationales et régionales représente une opportunité significative pour les investisseurs qui cherchent à aligner leurs portefeuilles sur des pratiques durables. Malgré certains défis et incertitudes, l'impact potentiel de l'amélioration des informations non financières dans les pays de l'ANASE, en particulier à Singapour, ne doit pas être sous-estimé.
En adoptant des rapports sur le développement durable et des normes internationalement reconnues, la région peut attirer des investisseurs mondiaux désireux d'investir dans un avenir plus vert et plus socialement responsable. En outre, alors que Singapour finalise sa taxonomie et révèle les détails de son application, la clarté sur les délais et les attentes en matière de conformité sera cruciale pour les parties prenantes.
Alors que le monde évolue vers un avenir plus durable, l'adoption de cadres d'information normalisés et transparents permettra non seulement d'attirer des investissements responsables, mais aussi de renforcer la position de l'ANASE en tant qu'acteur majeur de l'économie mondiale.
¹ Les actifs des fonds communs de placement sont calculés en utilisant le ratio des actifs des fonds communs de placement par rapport au PIB , fourni par la Banque mondiale